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Quand j’arrive les musiciens sont en train de jouer et le sol se dérobe sous mes pas, me jette un long serpentin doré je prends sa courbe comme dans une luge, ses couleurs vertes bleues, et les paysages qui défilent enroulent les sons dans des fleurissements simultanés et des cascades d’harmonies que l’on déguste, ce sont nos sens maintenant qui attrapent et reçoivent directement à leur plus grande surprise l’intérieur de la musique.
C’est une éclosion continue de surprises qui s’entraînent se répondent et se tiennent par la manche par la mèche par la hanche ou la chance, s’aspergent courent dans l’eau, on ne peut dire cette continuité qui est comme la lumière qui baigne une rivière lancée au jeu des reflets, des éclats, de tout ce que peuvent faire les fluides de la vue, du son, du goût, du toucher, de tout ce que l’espace peut offrir de mouvements, c’est la musique telle que je la découvre pour la première fois, une création, endiablée, enluminée ou apaisée qui s’offre, nourrit d’écoute, de bien-être et d’admiration la foule des gourmands surpris qui se laisse emporter, ressentant les vol des oiseaux dans l’air, la nage des poissons dans l’eau. Il s’agit de cela, la musique telle que je la reçois aujourd’hui. Ils sont quatre musiciens au détour d’une rue, derrière un porche qu’il faut franchir pour connaître ce qu’aucun traité aucune explication aucune pensée aucune science ne peut vous apprendre.
Chaque jour de la vie quelque chose remet tout à zéro. Jamais je n’aurais cru jusqu’alors que la musique soit véritablement une création au sens le plus plein du terme. Et que j’en aie fait partie, que j’en sois, comme ces musiciens, comme ces auditeurs avec moi, renouvelé.
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Raoul Dufy, Le concert rouge, 1946
J’aime beaucoup!
Merci, René.
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Merci !
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découvrir pour la première fois, être curieux, être touché, emporté, voilà notre seule façon de toucher notre matière de vivant
emportée moi aussi par le concert « ressentant le vol des oiseaux dans l’air… »
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