Ce matin tu sens le soleil qui force, qui force, qui pousse, qui pousse, qui appuie à coups répétés à travers la fenêtre pour te réchauffer le dos. Il te récupère, il a une telle confiance, une telle force vitale. Il porte son énorme monde à nouveau, tu entends la rumeur déjà incessante de ses petits camions, ses voitures, ses bus qui tapissent les fonds comme une mer. Et volontiers tu te laisses porter maintenant comme voile dans le vent chaud.
J’ouvre les yeux sur les petites pousses vertes dressées sur l’hibiscus que j’ai taillé il y a quelques jours, et la menthe tend ses fines tiges alignées vers le soleil, comme un troupeau d’oiseau becs tendus hors du nid. Et partout le printemps à regarder tandis que le bruit du monde est infernal.

Fernand Léger, gouache