Des éclats de ma voix surgissent — comme une fente soudaine, une lézarde, un lézard qui fuit peut-être, ou bien un cri qui se libère, un appel au secours — la nuit n’est pas lisse. Le jour non plus, ni le présent, ni le passé. Nous sommes infiniment lézardés, et surgissant. Et c’est ainsi que fut construit le piano — cordes tendues, râteau de touches, et marteaux.

Le cheval est venu (vient) se frotter contre moi, presque imperceptiblement, m’appelant à un partage — encore inconnu de moi. Peut-être un simple échange d’ions (positifs ou négatifs), comme quand un chat frôle vos jambes (pour prolonger son territoire ?) quand un poète répète une incantation — j’ai tant rêvé de toi —, un musicien une phrase, un mot, comme une goutte qui tombe, ou un marteau, ou une cloche. Comme mon crayon se frotte au papier, lui laisse une trace, bien vivante malgré les apparences (elle se tait seulement) — ce silence qu’on dit contenir (encore) toute la musique (ou déjà ?) Je fais appel à monsieur Temps. Au temps pour moi, ça commence quand Je commence !
Je suis prêt, dis-je au cheval. Et il m’embarque sur son dos. Cette sensation d’être un bagage… c’est extraordinaire. Je me suis acheté un sac à dos il y a quelques jours, alors que j’en avais déjà un (mais trop petit), et un autre (mais trop grand), c’était ma façon de me frotter à monsieur Nuit — je le comprends : j’attendais un signe de lui — un signe d’amitié.

un collage de Marie Hubert

Une réflexion sur “

  1. un récit surgi des éclats…
    beaucoup aimé « comme une fente soudaine » et puis l’image de la lézarde sur un mur, et juste après le lézard qui se faufile vite en courant sur la pierre chaude

    et ce frottement réconfortant d’un animal contre la peau…

    J’aime

Laisser un commentaire