Monsieur Temps me tient vraiment dans ses mains (je m’en aperçois après cette invasion de virus), mes doigts manquent de coordination, de réponse au rythme, de mémorisation. Je ne parle pas de l’intérieur du corps qui ne va pas fort, du cerveau qui semble en activité réduite.
Je reviens tout de même au piano, mais fragile comme une marionnette que monsieur Temps tient du bout de ses fils. Sans lui je peux redouter l’affaissement en un vieux paquet de corps meurtri. Monsieur Temps, je m’engage à ne pas le laisser disparaître, c’est mon imagination et mon désir qui l’ont créé (ou du moins personnalisé). Nos forces sont conjointes, s’il me tient, me structure et me fait avancer, n’est-ce pas aussi que je le nourris ?
Le cheval aligne le sourire luisant de ses dents noires et blanches sous nous qui le montons, il nous rend l’équilibre possible, il s’engage au petit trot, s’arrête puis repart docilement quand nous avons lâché la bride, il n’en sourit que plus large, détendez-vous, nous dit-il.
J’entends sa selle, son harnais cahoter joyeusement par moments avant qu’il ne nous soupire quelque chose comme On est bien les gars, je sens les copains pas loin.
Et nous sentons bientôt notre société pouvoir renaître.
Je saute à terre, nous signons tous les trois, oui pour la reconstruction d’une société.

Christine Delbecq
la musique, le cheval, on se prend à comprendre cet univers, à le « prendre avec » soi au fil de la découverte en lisant
et les soupirs si beaux du cheval…
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