Comme ces fleurs légères tout entiers fruits qu’on appelle amour-en-cage ou paradis, ou ni fleur ni fruit, mais simple ouvrage de beauté suspendue inutile, ce moment dans la nuit, petit et moi en douceur serrée des bras entre épaule et cage thoracique je m’endors, et au bout de quelque temps me réveille pour retrouver intact cet oiseau-sensation de corps en espace continu, contenu. Le petit dans l’immense et moi cage, suspendu et inutile, simplement là, sans dieu ni diable.

Métaphysique. Ce mot posé comme un jalon dans la nuit.

Le chat de Schrödinger : pertinent commentaire qui m’était arrivé par voie privée il y a quelques jours lorsqu’un chat s’était trouvé présent dans mon texte.
Mais présente c’est la guerre. Tous ses aspects sont partout où ils ne sont pas censés être. Ma façon d’écrire est révélatrice elle aussi : je suis en train de dormir et soudain (à tous moments) j’allume la lumière et je suis en train d’écrire. Ce qui n’était que dans le noir est manifestement là. C’est toute l’écriture qui est ainsi : comme si elle n’avait pas d’autre objet que cette révélation. J’éteins à nouveau dès que le noir a disparu.
Mais l’expérience portait sur un chat, je ne l’oublie pas : nous ne sommes pas les seuls, humains, à être concernés. Les autres qu’humains, gardons-nous de les disqualifier et de leur faire une guerre fratricide sans merci.
Monsieur Nuit pourrait dire Je suis venu parmi vous pour vous donner une chance de vous sauver. Ou : Je me suis révélé à toi pour que tu ouvres les yeux. Ou le savant peut le dire — celui qui fait des équations sur le tableau noir, celui qui regarde dans son microscope, son télescope et ses giga-outils. Mais le professeur Nimbus a toujours été ridiculisé. Aujourd’hui c’est le professeur tout court qui l’est. Seuls les enfants l’aiment et le suivent.
Pour le moment la guerre est dans les journaux, les télés, les Tshirts, dans les assiettes, les usines, les conseils de ministres, sur toute la croûte terrestre et dans les mers.

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