
La saison change. Il va vers cinq heures du soir marcher dans les rues, la tête tassée, raidie de travail. Le temps est doux, le soleil joue une partie de cache-cache nonchalante avec un ciel délavé comme des fleurs de roses. Il a mis un petit gilet par-dessus la chemisette d’été et respire en dansant sa marche d’oiseau léger. Traversant un parc, il croise une petite fille qui marche dans l’herbe quelques pas devant sa maman, à qui elle parle sans se retourner, le visage joueur, encore plein des jeux partagés d’écolière, et la jeune maman, dans l’élan gracieux, se met à compter, posément, un, deux, trois, jusqu’à quinze. Il y a de grands arbres juste devant, un beau tronc élancé de tilleul que la petite a sûrement repéré pour se cacher derrière.
Il laisse cela en suspens. Va s’asseoir sur un banc. Il n’en faut pas plus pour qu’un chatoiement vaste le soulève et l’emporte. Il se rattache à son crayon, trace ces lignes comme un fil qui le retient de s’envoler.
photographie de Thami Benkirane
Tandis que Thami lessive le ciel et essore la lumière, Martin chemine dans l’insouciance de ses 17 ans (« on n’est pas sérieux quand on a dix sept ans », dit Arthur) et on a( « embrassé l’aube d’été », dit-il encore. Chemin lisant au hasard des bancs, Martin file les mots entre les lignes et entre ses pas dans les arpents des sols de rencontre. Et, depuis lors, la vie aura filé en un éclair blond.
On se plaît à vagabonder et rêver avec Martin.
J’aimeAimé par 1 personne
Ravi de retrouver la verve ensoleillée de tes mots! Merci pour le partage! Thamitié
J’aimeAimé par 1 personne