Mes rêves et moi. C’est un bon titre. J’ai dû refouiller en arrière pour le retrouver, car tout cela va vite, les transformations sont incessantes, les arrivées affluent en lieux, personnes, événements. Il y a un chemin qui se présente le matin et il s’agit de le remplir, peut-être de choisir, si possible, ce qui va y prendre place ou plutôt y passer, car rien ne s’arrête… à l’arrière tout disparaît ou se défait et, devant, cela part aussi en fumée, lumineuse, et finalement ce que je réussis à capter c’est cette femme, j’y tiens, elle est belle mais je ne peux définir rien d’elle, tout en elle commence, les femmes sont des guides et des modèles, les mots glissent à leurs pieds si l’on veut les décrire. Allongés presque l’un contre l’autre le temps de nous entendre je peux presque poser de petits baisers sur sa taille, presque des petits mots tendres lui confier mais c’est vers de plus grandes choses qu’elle va, où je tenterai d’être… je tiens aussi à la garder parce qu’elle représente toutes celles qui viennent de disparaître avec la marée forêt retirée, me laissant juste fraîcheur d’oubli qu’elles possèdent en leur temps la source et le brasier d’amour. Je voudrais garder aussi ou rattraper un petit chat en écorce d’arbre découpé mystérieux emblématique tombé dans un autre rêve où je le perds. Le rythme est extrêmement rapide — des arrivées, des départs qui convergent — sur ce chemin dès qu’il s’est dessiné pour sortir au nouveau jour. J’ai envie de l’appeler la conférence de rédaction, mais déjà vient y passer un véhicule dont le bruit brinquebalant grossit sous ma fenêtre : le service de propreté. Je sais maintenant, et de manière définitive, que ce jour comme les autres est empli des rêves qui se sont précipités hors de la nuit car ils ne peuvent quitter le monde présent, ils le constituent, se mêlant aux apports nouveaux du jour, sans cesser d’être à notre portée, car nous les mangeons, les consommons sous toutes leurs formes, même si nous ne savons pas les voir.

Marie Hubert
Un train* d’enfer
un peuple de rêve
à la fenêtre
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*un, à l’ancienne,
on peut en ouvrir les fenêtre
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