Afifa Aleiby, Angel, huile sur toile, 80x120cm, 2008

Mais je suis déjà en train de jouer avec eux, au fond de mes poches, d’un côté monsieur Temps et de l’autre monsieur Nuit, deux petits cailloux, un blanc, un lisse, un peu rond, et l’autre plus petit et plus lourd, presque noir, un peu concassé de forme. Compagnons de mes doigts.
Je les changerai, je les perdrai. Il y en a plus qu’il n’en faut à la rivière.

Ici se termine l’histoire du cheval-piano.
Afifa Aleiby me prête un ange pour répandre la nouvelle dans le ciel.

Je suis à la rivière. Je la vois jouer avec tout ce qui l’entoure, elle en mélange les couleurs, en fait des peintures. C’est la bienveillance même, elle ne refuse rien, ne rejette ni ne juge personne. Mais elle donne libre cours à sa fantaisie, les murs d’antique molasse aussi bien que l’arbre et le nuage vont entrer dans sa pâte, et ses coulées intestines, et la giclée d’écaille d’un poisson et la nonchalante déliquescence de la surface sont aussi bien de sa palette que le brusque passage d’un oiseau et la traîne d’un autobus. De l’état des lieux elle fait son état d’âme et le vôtre si vous la contemplez en cet instant.

Le corps est libéré de la responsabilité du cheval-piano, de son rôle de palefrenier ou de gardien d’écurie. Pégase entre et sort à sa guise.

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