L’histoire du cheval-piano racontée, ça ne nous empêche pas de nous retrouver, lui et moi, pour de petites balades tâtonnantes, attentifs l’un à l’autre, l’oreille et le museau pleins de gourmandise. En dehors de ce temps je ne sais pas ce qu’il fait, où il va, ni même qui il est. Mon imagination aussi s’en va de son côté, sans souci de se confier au papier.
Le papier lui-même se sent plus libre. D’ailleurs il a migré ce soir vers les grands feuilles de dessin où je me suis mis à faire une peinture. Une peinture libre comme jamais, elle aussi.
Et maintenant je la regarde, satisfait, elle est gaie, indépendante, ne se sent plus aucune obligation à mon égard. Je sens que j’ai su la libérer, non pas comme la chèvre de Monsieur Seguin pour la donner au loup, car moi-même je me suis détaché en même temps et nous allons chacun où bon nous semble.
Les couleurs de l’imagination s’y posent, s’y glissent, s’y composent, s’y heurtent, les voisinages, les rencontres à découvert, les fluides du corps sous-entendus, un langage sans parole, disert et éclatant, tout vient s’y montrer.

Je l’entends qui se réveille dans mon sac à dos. Tu peux laisser tomber le mot rêve, me dit monsieur Nuit, (il me voit étonné), ou le jeter si tu veux. Pas d’inquiétude, il remontera à la surface, il se hissera sur la rive… Je le regarde, toujours étonné.
Tu m’as posé la question. Sans le savoir.
Nous continuons la promenade, devisant.

2 réflexions sur “

  1. traiter ce qui sort de nos mains, de nos imaginaires, et même de nos réels, comme des objets indépendants de notre volonté… ils s’inventent, vivent par eux-mêmes
    tout devient tellement plus facile

    « je me suis détaché en même temps et nous allons chacun où bon nous semble. »

    merci pour cette expression de liberté

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