Brève rencontre, au pont.
Que fais-tu, aujourd’hui ?
A ton ample réponse, je le vois, tu chies, large et tranquille, sans discontinuer. Tu fais tout, un jour ou l’autre, tu cours, tu dévales, tu es en croisière, tu rêves, tu divorces, tu joues avec les oiseaux, avec les soleils, tu réfléchis et me fais réfléchir. Tu es celle qui fait tout. Qui passes tout sous silence ou qui révèles tout, quoique contrainte entre les quais.
Et nous sommes devenus amis. Un petit signe le matin, quelques mots, une pensée. Et lorsque je repasse plus tard, vers midi peut-être sous le soleil comme aujourd’hui, nous nous rencontrons à nouveau, nouveau l’un et l’autre. Tu te baignes maintenant, dans ton bouillon étale, ta pisse, ta chiasse devenue plus claire et remuante. Je te donne ces mots, ces quelques pas pour une histoire que je tisse avec toi depuis tant d’années, que j’ai nourrie de tant d’inquiétudes, de malaises, d’exaltations, fils de trame et de chaîne de toutes couleurs, rudes et blessants, noueux, fragiles, détériorés, décolorés, disparus maintenant. Depuis le premier mystère, maternel, féminin, qui glissait dans l’ombre en contrebas des arbres lorsque je m’enfuyais de la ville et de ses contraintes étrangères, tant d’années ont traversé mon corps, pour qu’aujourd’hui, enfin, comme un incroyable cadeau, nous soyons devenus amis.

Peinture r.t

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