le téléphone

café arabe 1913

Le soleil est invité à ma table, à côté du livre, du téléphone et des papiers, fenêtre ouverte.
Les martinets passent en criant et les merles font concert.
Je suis à la table des Dieux.

Puis ça glisse dans le gris, nous glissons en douceur vers la nuit, comme la mer se retire sans disparaître.

Maintenant c’est passé.
Mais qu’importe leurs débats et les nôtres. Nous étions bien dans le chant du merle, le soleil sur la table, les mots qui viennent du cœur.

Est-ce cela que tu voulais dire : « faire le plein d’énergies incroyables » ?

Henri Matisse, café arabe, 1913

nocturne

the-toboggan-jazz book1943

Si parler va sans dire
ces mots sur la couverture du livre.

On peut encore aimer
me suis-je dit
après un long silence.

Je ne remonte pas dans mon cerveau
dit l’araignée.
Je me suis fait voler ma toile,
je l’ai tissée n’importe où
ils l’ont emportée.

J’entendis des mots dans la rue, des paroles, des cris, en sourdine, comme dans une boîte enfermés, un petit moulin d’enfant, une boîte à musique.
Ce n’était pas encore l’heure de se lever. Les lumières de la rue étaient encore jaunes, désagréables. Bientôt viendrait l’aube. Le bruit d’une voiture glissait de temps en temps sur la chaussée. Aucun oiseau encore. Ou peut-être un minuscule cri déjà. Je ne voulais pas trop en entendre. Rester sur la couverture de ce livre.
Comme sur un témoin de la nuit.
De la nuit et du jour épousés.

Je veux caresser le vent
dit l’araignée.

Si parler va sans dire est emprunté à François Jullien
Le toboggan, à Henri Matisse