
Tout en lisant, je sentais la vibration souple et continue du train. J’entendais les soubresauts amortis, le roulement chuintant et ronronnant, et ma lecture nourrissait l’écheveau de ma pensée.
En même temps, j’étais averti d’une présence, toute proche. Quelque chose de vaste, très clair, et je le laissais vivre à part moi… Presque simultanément je lus dans le livre :
j’accède alors à la « transparence du matin »
J’abandonnais maintenant lecture et pensées pour ne plus que regarder le paysage qui défilait éveillé par le premier soleil. Sa présence m’avait gagné à la transparence du matin.
La citation est de François Jullien, extraite de
NOURRIR SA VIE / à l’écart du bonheur
Éditions du Seuil, 2005
Aquarelle et crayon sur papier de Edward Hopper :
Cobb’s barns and distant houses, 1931

